KARUKERADINKRA

KARUKERADINKRA

Passionnés d'histoire et d'esthétique, cette collaboration avec Dear Kathiopae était pour nous une évidence. Plus qu'une simple collaboration, il me semble que nous nous sommes reconnus comme des voyageurs du temps et de la terre. Ma rencontre avec Aïcha a été un coup de foudre esthétique, mais pas que. Son attachement à chercher comme une archéologue dans les symboles anciens des pays africains et à valoriser l'artisanat ainsi que les matières premières des pays concernés a éveillé en moi une fascination pour ses bijoux quasi hypnotiques.

La collection Adinkra, qui mêle les supports et influences de l'Egypte Ancienne aux aphorismes ghanéens (Akan et Baoulé) m'a tellement parlé que nous avons donc décidé ensemble de proposer des produits déclinés et en rapport avec mon univers.  Pour cette capsule Mangeusedherbe / Dear Katiopae, j'ai voulu mêler les diverses influences qui constituent aujourd'hui la culture antillaise. Des Africains déportés de plusieurs régions d'Afrique, qui ont su résister, transmettre et faire survivre nombre de nos trésors actuels, les Indiens devenus la nouvelle force de travail à exploiter, qui ont fortement influencé la Caraïbe.  J'ai moi-même grandi dans une famille composée de toutes ces influences dont les Européens, les Arawaks, les Indiens et les Africains. Mon grand-père pratiquait le yoga dans sa forme la plus sacrée et suivait un régime végétalien comprenant des fleurs. J'ai baigné dans des pratiques, des saveurs, des sons qui m'ont permis de renouer avec ses multiples identités et lors de ma transition vers le véganisme m'ont permis d'en puiser des ressources incroyables pour sublimer des plats traditionnels. Cette curiosité pour les racines des plats et les ingrédients uniques qui les composent m'a raconté une histoire qui m'a permis de me comprendre. Les bijoux de nez m'ont alors été transmis par la représentation des Indiens des Caraïbes, mais dans ma recherche de sens et à travers de multiples recherches, je me suis rendu compte que cette manière d'orner son corps était loin d'être caractéristique d'une culture.

La falsification, ou l'invisibilisation de la culture de l'un au profit de l'autre est une technique impérialiste de l'Occident pour réduire la culture des autres et ainsi créer une hiérarchie des ethnies. L'Asie ayant l'apanage de la spiritualité, une fascination ambiguë. L'Afrique quand elle est associée aux termes : tribal, sauvage, primitif. Des stéréotypes fondés sur la domination et sur l'idée d'un Africain impossible dépourvu de civilisation telle l'Egypte kémite niée depuis les années 1950 par les égyptologues occidentaux qui héritent et propagent le "racisme scientifique" de leur système. Interroger la source ou les possibles traces de l'Afrique précoloniale est précieux et essentiel. Ce qui peut parfois être attribué à un peu est un trésor perdu des Afro-descendants. Connaître l'Afrique d'hier pour connaître la Diapora d'aujourd'hui, sa légitimité et sa grandeur, car comme le dit Cheikh A.Diop n'oublions pas que l'Afrique doit doublement civiliser l'Europe. Elle nous apprend aussi les liens commerciaux avec les ethins dits rouge foncé (indiens) à l'époque pharaonique et montre que cette ethnie n'appartient qu'à une seule. Ces codes similaires, que l'on retrouve au-delà des parures, s'expriment à travers de multiples objets comme le yoga kémétique, ou par les croyances maatiques et karmiques communes à de nombreux anciens peuples kémites. Ici, il ne s'agit pas de savoir qui a fait quoi en premier, mais de comprendre les liens profonds, et les fortes influences que partagent ces peuples. Pour nous célébrer comme nous le méritons, car c'est notre héritage.   Les faux piercings de la capsule Dear Kathiope m'inspirent une résonance du passé mêlant les méthodes ornementales des anciens qui mêlent la symbolique puissante des motifs Adinkras et l'élégance des populations multiples et variées qui se sont à nouveau réunies. plus dans les Caraïbes et leur identité est faite pour survivre. La variation des motifs en boucles d'oreilles courtes raconte l'histoire de l'accumulation d'un savoir précieux à célébrer au quotidien. Petite histoire du piercing au nez.

Il semblerait que ce soient les empereurs de la dynastie moghole qui aient introduit cette pratique en Inde, et elle a été rapidement assimilée à la culture. C'est alors devenu une manière d'honorer la déesse Parvati, celle qui régnait sur les mariages, et les filles de 16 ans avaient le nez percé, étant aptes au mariage. Placé sur la narine gauche des femmes, il était censé faciliter l'accouchement. Le piercing au septum a de multiples origines tribales chez les danseurs indiens, en particulier chez les Kuchipudi et les Bharatnatyam. Les femmes du Bengale portent le nathori comme attribut des femmes mariées. Ce dernier se présente généralement sous la forme d'une bague en or avec un pendentif en forme de goutte qui peut se déplacer sur la bague.  Néanmoins, les découvertes archéologiques montrent des traces de perçage dès le Néolithique en Afrique, et particulièrement en Égypte et en Éthiopie. Momies ou sculptures témoignent des modifications imposées par certains membres de ces sociétés anciennes. Les piercings étaient principalement sur les oreilles, le nez ou les lèvres et marquaient l'appartenance à une caste de sang royal. Une tradition que l'on retrouve dans certaines tribus africaines où plus la bague portée est grande, plus la fortune de la famille du porteur est importante.

Charlotte

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